Une semaine avant leur victoire sur Reims (L1) en 16ème de finale de la coupe de France, Pierre Wantiez s’était confié à C’est à dire. Situation sportive du club, classement en championnat, le président délégué du F.C.S.M. a pris le temps de faire le point.

C’est à dire : Pour commencer par le sportif, quelle est votre réaction après la belle qualification du club en 16ème de finale de la coupe de France, le tirage qui lui offre Reims, et la 4ème place à la trêve ?
Pierre Wantiez : Concernant la coupe de France, nous sommes forcément ravis d’avoir écarté une Ligue 1 et de pouvoir affronter Reims, qui est 8ème du championnat de Ligue 1, en 16ème de finale. Le Stade de Reims est depuis quelques saisons une des valeurs sûres de la Ligue 1, on monte encore d’un cran par rapport à Lorient, mais on est heureux pour le public qui verra deux clubs historiques se rencontrer. Se qualifier serait un exploit majuscule. Mais on est surtout heureux de jouer au stade Bonal devant nos supporters pour une nouvelle affiche exceptionnelle entre deux clubs chargés d’histoire. On est aussi très contents que le public ait répondu présent contre Lorient avec près de 13 000 spectateurs. Ce fut une belle récompense pour nous. Et une nouvelle fois, l’équipe a été menée avant de s’imposer, cela prouve la détermination du groupe. Mais il ne faut pas oublier d’où l’on vient. En août, on aurait signé pour être 12ème à la fin du championnat (N.D.L.R. : la dernière place qui offre le maintien en National). La Coupe de France sera la cerise sur le gâteau. Notre objectif est le maintien en National et si on peut avoir une bonne surprise à la fin du championnat, on la prendra. Notre objectif à moyen terme est de remettre le club en Ligue 2.

Pierre Wantiez, originaire du Haut-Doubs, a repris les rênes du F.C. Sochaux en début de saison, avec Jean-Claude Plessis (photos F.C.S.M.).

Càd : Cinq mois après votre reprise en main du F.C.S.M. avec Jean-Claude Plessis, peut-on dire que tous les voyants sont au vert ?
P.W. : On oublie justement trop souvent qu’il ne s’est passé que cinq mois ! En août, on a dû parer au plus pressé. Le vrai travail de stabilisation du club a commencé en septembre. Alors, dire qu’aujourd’hui tous les voyants sont au vert, non ! Les voyants sportifs le sont et pour nous, c’est déjà un confort extraordinaire. Mais la situation financière reste compliquée.

Càd : Les actionnaires privés se sont engagés à faire tous les efforts nécessaires. Mais on parle de 6 millions d’euros qui manqueraient encore pour être plus tranquille pour les saisons 2024-2025 et 2025-2026 ? 
P.W. : Les actionnaires privés, c’est 46 personnes. Certains se sont engagés à continuer, d’autres ne se sont pas encore exprimés. Les associés de la fiducie F.C.S.M. 2028 vont devenir actionnaires dans quelques jours. Nous aurons besoin de l’apport des actionnaires. Le club de Sochaux, comme il était géré en 2022-2023, vivait comme un club de Ligue 1. Quand on a été auditionnés en août, la D.N.C.G. nous a indiqué que si le F.C.S.M. avait été en Ligue 1, il aurait eu la 9ème masse salariale non sportive (hors joueurs et entraîneurs) du championnat de France. C’est juste irréaliste ! Mais vous ne pouvez pas toujours vous tourner vers des actionnaires en cas de problème. Nous devons revenir à des pratiques saines. Aujourd’hui, compte tenu des charges laissées par l’équipe précédente, il nous faut 6 millions d’euros de plus sur les saisons 2024-2025 et 2025-2026 pour pérenniser durablement le club. Ce n’est pas rien ! C’est la difficulté, les gens doivent comprendre la situation du club. On ne l’a pas encore sauvé, mais on se bat pour le faire ! En août, nous avons fédéré, poussé, en expliquant comment on voyait le sauvetage du club et pourquoi il valait le coup d’être tenté. Et n’oublions pas l’apport des collectivités, notamment le Conseil départemental du Doubs, qui nous ont fait confiance et se sont engagées avec nous.

Les supporters du Haut-Doubs sont nombreux à se déplacer au stade Bonal pour encourager le F.C.S.M.

Càd : Où en sont les trois grands chantiers que vous avez ouverts : sauver le club économiquement, préserver la compétitivité de l’équipe phare, et assurer la pérennité du centre de formation ? 
P.W. : Sur le plan financier j’insiste, on a avancé, mais on n’est pas au bout de nos peines même si on est plutôt en avance sur nos plans. Sur le plan sportif, le mérite du redressement revient à Julien Cordonnier et à Oswald Tanchot, ils ont su construire une équipe en quelques semaines, ils méritent la confiance que les dirigeants ont en eux. Enfin sur le centre de formation, il reste attractif, avec des éducateurs de qualité en son sein, mais être en National nous pénalisera probablement dans le recrutement des meilleurs jeunes.

Càd : Le club a dû licencier plusieurs personnes. Était-ce un passage obligé ? 
P.W. : Oui c’était un passage obligé. Vous ne pouvez pas vivre, en National, sans droits télé, avec une masse salariale de Ligue 1 comme c’était le cas avant. Moi aujourd’hui je regrette plusieurs choses : de voir que des salariés ont dû partir alors qu’ils n’ont aucune responsabilité dans ce qui s’est passé. C’est profondément injuste. Et en voir d’autres qui avaient des responsabilités importantes, s’être montrés trop discrets quand le navire partait à la dérive. Aujourd’hui le club ne se reconstruira que si chacun est déterminé, et si on est soudés.

Càd : Où en est-on du projet F.C.S.M. 2028 ? 
P.W. : Dans ce projet F.C.S.M. 2028, chacun y a mis ce qu’il voulait. Moi je n’ai jamais dit que le projet F.C.S.M. 2028, c’était la Ligue 1, même si on rêve évidemment d’y revoir le F.C.S.M. Jean-Claude (N.D.L.R. : Plessis) et moi, nous ne sommes pas là pour durer. Si demain des gens sont capables de transformer ce club en gardant son identité régionale, nous saurons nous retirer dans l’intérêt du club. Nous, nous voulons stabiliser le club, pas forcément en Ligue 1. Pour nous le projet F.C.S.M. 2028, c’est d’abord redevenir un F.C. Sochaux solide et respecté dans le football français. Car il y a une vraie considération du football français pour le F.C.S.M.

Càd : Un mot pour les supporters du F.C.S.M. du Haut-Doubs, lecteurs de C’est à dire qui se déplacent régulièrement à Bonal ? 
P.W. : Notre souhait est de redonner à Sochaux son attachement régional. La région est rude, ce n’est ni la Côte d’Azur ni le Bassin d’Arcachon mais elle a des valeurs. Les gens peuvent compter sur nous pour les porter. Nous voulons accentuer le travail sur la formation des jeunes, mieux collaborer avec les clubs de la région, le C.A. Pontarlier mais aussi tous les autres. Les clubs de la région peuvent compter sur nous. Nous n’avons d’existence que si la région s’identifie au club. Nous allons essayer d’en être un digne représentant.

Càd : Où en est la relation du F.C.S.M. avec ses Sociochaux ? 
P.W. : Nous avons eu leur appui financier et nous les en remercions. Ils représentent collectivement le deuxième investisseur privé du club. Ils sont représentés au conseil d’administration. C’est une fierté et une grande première en France. Nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout mais on s’accorde toujours à la fin. Ce qu’ils ont fait est unique : beaucoup en plus se sont abonnés et ont acheté le maillot collector. Qu’ils en soient remerciés.

Càd : Quel est votre avenir à moyen terme au F.C.S.M. ? 
P.W. : Je suis venu avec Jean-Claude. C’est le président. Il fait le job. Moi je n’ai pas d’ambition personnelle, je veux juste aider le F.C.S.M. J’étais heureux en retraite. Je n’en suis sorti que parce que c’était Sochaux.

Càd : Le club est-il prêt à monter en Ligue 2 si la situation se présente en fin de saison ? 
P.W. : Oui. Nous avons été capables en août de monter un dossier en dix jours pour sauver le club. Donc si on est en capacité sportive de monter en Ligue 2, on saura faire ce qu’il faut.

Càd : Un dernier mot sur le coach du F.C.S.M. Oswald Tanchot... 
P.W. : Concernant Oswald Tanchot, vous pouvez dire à vos lecteurs et à tous les supporters qu’ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles. C’est un passionné, un travailleur qui se bonifie avec le temps. Au départ, il s’est forcément posé des questions car c’est le projet Ligue 2 qui lui avait été vendu. Je lui tire un grand coup de chapeau, comme à tous les éducateurs du centre de formation qui ont contribué à maintenir le navire à flot. Je veux insister sur leur rôle, car pendant que nous nous battions avec des chiffres et des dossiers, eux devaient gérer de jeunes hommes, les réconforter, les encourager, leur parler d’avenir, leur tâche était au moins aussi difficile que la nôtre. 

Propos recueillis par A.A.